Lettres et littérature américaines

Le blog nature writing

Archives de Tag: John Muir

Pour un esprit d’indépendance.

« Obey little, Resist much » (Obéissez peu, résistez beaucoup) écrivait Walt Whitman dans son court poème To the States, issu de son célèbre recueil Leaves of Grass (1855) – traduit par Feuilles d’herbe en français. Un peu moins d’un siècle après la fin de la guerre d’indépendance qui prit fin en le 4 juillet 1776, un esprit de défiance vis-à-vis du gouvernement règne toujours sur ce continent à coloniser. En effet, c’est avant tout un rejet brutal du pouvoir Britannique qui anime les Américains à se battre pour leur indépendance. Le préambule à la Déclaration d’indépendance est resté célèbre et rappel d’ailleurs à tous les Américains le devoir de se dresser contre un pouvoir injuste afin d’en instaurer un plus conforme à leurs attentes. Lire la suite

Le livre du voyage

1894, deux ans après la création de la Sierra Club Association par John Muir, Mountains of California est publié. Arrivé en 1868 à San Francisco, il part explorer les montagnes et vallées du Yosemite et de la Sierra Nevada. Un des premiers ouvrages publié par John Muir, Mountains of California transgresse (presque) tout ce qui a pu se faire auparavant en littérature. En effet, les seize essais qui constituent cet ouvrage couvrent de nombreux champs d’investigation : géologie, écologie, biologie, géographie et art. Ce classique ne peut néanmoins être catalogué dans la littérature scientifique comme l’écriture ne suit pas la rigueur exigée par le style — et de toute manière, là n’était pas le but. En effet, l’objectif de l’auteur était de donner envie aux gens d’aller dans les montagnes et les forêts et prendre conscience de la vacuité de leur mode de vie faussement confortable. Lire la suite

Letters from an American Farmer

Letters from an American Farmer (1783) est une série de douze lettres de John Hector Saint John De Crèvecoeur, le fils d’un émigré français de la moitié du 18e siècle. Il raconte à travers ses lettres adressées à un pasteur d’Oxford sa vie de fermier. La première lettre sert d’introduction et présente l’auteur de ces lettres. Le style se veut simple et franc, ces lettres sont plus à prendre comme des témoignages de la vie sur le nouveau continent. Néanmoins, les descriptions sont vivantes, le ton est enjoué rendant le tout très agréable à lire. Ce livre est précieux à plus d’un titre, d’une part, il est l’un des premiers compte-rendu de la vie rurale à cette époque, et surtout les thèmes abordés et la manière dont l’auteur les aborde se retrouveront des siècles plus tard chez Aldo Leopold, Henry Thoreau, John Muir, etc et les partisans de la conservation et préservation de Lire la suite

« Unnatural Writing » de Gary Snyder, qu’est-ce que le Nature Writing ?

« Unnatural Writing », publié dans A Place in Space (1995), était à l’origine un discours de Gary Snyder lors de la première d’une série de conférences sur le Nature Writing appelée « Art of the Wild » en 1992. Dans cet essai, le poète s’ingénie à donner une définition de ce genre littéraire (identifié seulement quelques années plus tôt), dans la relation que l’écrivain tisse avec un habitat sauvage. Je pense que tout amateur du genre se devrait de lire « Unnatural Writing » (ainsi que The Practice of the Wild, 1990, toujours du même aute Lire la suite

Entre culture et nature, littérature et anthropisme

En littérature il est plus souvent question de culture que de nature, même quand cette littérature tend à parler essentiellement de la nature. Mais avant toute chose, il faut être particulièrement clair sur ce que l’on entend par « nature » et par « culture ». Pour commencer, on peut dire que ce sont deux notions qui sont généralement opposées. Je pense cependant qu’il ne faut pas se contenter de les opposer, que leur relation va bien plus loin. D’ailleurs, par quoi passe cette relation ? Lire la suite

Nature de Emerson, de l’art et du beau

Le troisième volet consacré à Nature d’Emerson est dédié à un nouveau chapitre abordant une nouvelle thématique de la relation de l’homme à la nature chez Emerson. Un chapitre important qui apporte un éclairage de comment la nature a influencé notre perception du Beau et la création artistique (chez Emerson, je tiens à le préciser). Le beau et sa recherche, une constance dans l’art de manière générale, et en particulier depuis la période Romantique, dans la relation à l’art dans Nature est un point particulièrement important qui permet de mieux comprendre de nombreux auteurs du Nature Writing. Lire la suite

L’endroit, c’est subjectif !

Cet essai reprend un peu ce qui a été dit dans les différentes présentations, et permet à la fois d’introduire la dernière catégorie de ce blog consacré à l’écriture de la nature et de soulever un certain nombre de questions et interrogations. Je tiens néanmoins à préciser que ceci n’a rien d’académique et je ne tiens pas à ce que ça le devienne. Pour moi, la littérature et l’écriture doivent avant tout rester un plaisir et un loisir – mais ceci n’empêche pas qu’on puisse le faire sérieusement ! Lire la suite

Tout un monde à déboulonner !

J’en ai parlé précédemment, et je pense que l’occasion est bien choisie pour introduire un autre roman qui a littéralement bouleversé le monde des mouvements écologistes radicaux dans leurs modes d’actions, leur existence et leurs discours. Il ne s’agit pas d’Arne Naess car il s’en inspire, ou de Dave Foreman (qui après avoir quitté Greenpeace a fondé Earth First!), mais du Monkey-Wrench Gang (1975) ou en français Le gang de la clé à molette. Contrairement aux autres ouvrages traitant des relations entre littérature engagée et écriture de la nature il ne s’agit pas ici d’un essai, d’un pamphlet, ou d’un ouvrage cherchant à éveiller les consciences. Lire la suite

Un pays de peu de pluie

The Land of Little Rain (1903), encore non traduit en France, écrit par Mary Hunter Austin est un court livre composé de 14 sections qui traite du désert montagneux du Nouveau-Mexique. Ce n’est donc pas un livre avec une histoire (pas à proprement parler), ou avec une intrigue mais plutôt une série de photographie d’un territoire où la vie se cache sous le soleil de plomb, où les plantes plongent leurs racines au plus profond pour puiser le peu d’eau qu’il puisse y avoir, où leurs parties supérieures s’arment de piques et de poils pour garder au mieux l’humidité. Un pays où les précipitations sont rares mais où la vie ne manque pas à en croire l’auteur. Lire la suite

The Hetch Hetchy Valley

Il s’agit d’un essai clé dans la compréhension de la création des grands mouvements écologistes américains qui est publié d’abord en 1911 puis dans le recueil The Yosemite en 1914.

La vallée de Hetch Hetchy se trouvait dans le Yosémite et était célébrée par John Muir comme « a grand landscape garden, one of Nature’s rarest and most precious mountain temples » (un grand paysage jardinier, l’un des plus précieux et rares temples de la Nature). Or cette vallée est menacée. En effet, après le tremblement de terre de San Francisco de 1906, les autorités décident de construire un barrage hydraulique à l’écart de la ville pour l’alimenter en eau et électricité même en cas de catastrophe naturelle. Lire la suite